Bonaire : plongée liberté de 7 à 77 ans
Voyage plongée à Bonaire avec Bleu Autrement
Un reportage de Serge Barth - guide de Bleu Autrement
9 mars 2014, heure locale 19h00. Un dernier long virage sur l’aile amène l’Airbus A330 de la KLM face à la piste, au milieu de l’océan. Silence dans l’avion, autour de l’aéroport international de BONAIRE, dont la piste nous parait soudain bien courte, les fonds sont abyssaux, jusqu’à 2000 mètres !
Ce n’est pas notre premier séjour sur cet ilot, pourtant méconnu du voyageur français, que nous visitons depuis 10 ans déjà. Il est vrai que les trois iles ABC, Aruba, Bonaire et Curaçao, où l’on parle indifféremment le hollandais, l’anglais ou le papiamento, terminent l’arc des Antilles : vers le sud, le Venezuela et Caracas ne sont qu’à 80km puis, en allant vers l’ouest, la Colombie, le Costa Rica et le Nicaragua.
Bonaire gagne pourtant à être découverte : beau et chaud toute l’année, mais agréablement rafraichie par les vents marins, des eaux translucides, le paradis pour les hollandais, anciens propriétaires des lieux. Par ailleurs sous influence touristique américaine, tout y est remarquablement organisé, les hôtels, les transports et l’approvisionnement, l’eau est potable, tout fonctionne…
Et la plongée, dont nous parlerons en détails après quelques lignes de présentation de l’ile, fait partie des meilleurs spots aux Caraïbes !
Le relief est peu élevé, les terres peu fertiles, avec des paysages semi arides au centre et au nord, et des marais salants et des mangroves au sud. La faune et la flore sont très originales dans le parc protégé au nord de l’ile : acacias, flamboyants et cactées, dont les fameux cactus cierges, abritent des troupeaux d’ânes et de chèvres sauvages, de nombreux iguanes, d’innombrables perroquets, flamants roses et autres oiseaux, tels l’aigle pêcheur.
Isolée pendant 2 siècles, peuplée de militaires et d’esclaves, l’ile garde une faible population et un tourisme modéré, ce qui fait de Bonaire une destination unique, alliant authenticité et nonchalance antillaise, dans un cadre naturel préservé, tant sous l’eau qu’en visitant les parcs, les plages ou les salines.
Plonger à Bonaire
A l’échelle de l’océan, Bonaire n’est qu’un caillou émergeant des grands fonds. La houle et les rouleaux qui se fracassent sur la côte Atlantique à l’Est rendent difficiles toute tentative de plongée. Le coté Ouest, lui, s’ouvre à la mer Caraïbes, la plupart du temps aussi calme qu’un grand lac. Cette côte « sous le vent » présente une caractéristique particulièrement intéressante pour l’homo-palmus, à savoir un récif corallien longeant le rivage sur une trentaine de kilomètres, du nord au sud ! Le profil des plongées y est donc toujours sensiblement identique : plage de sable ou de galets, ou roches plates, pente douce jusqu’à 8-10m puis un drop-off (tombant plus ou moins incliné) plongeant jusqu’à 30-40m ou plus. Sur certaines parties de l’ile, ce drop-off s’est même dédoublé, avec une belle langue de sable blanc séparant les deux formations coralliennes.
Ces conditions de plongée idéales, soleil et eau chaude toute l’année, mer calme, peu de courants, visibilité toujours excellente, ont rapidement incité les autorités locales à promouvoir les activités subaquatiques. Ainsi la plongée s’est-elle organisée autour de quelques centres de qualité, offrant tant des sorties en bateau, principalement autour d’un ilot secondaire nommé avec bon sens « Klein Bonaire » ou Petit Bonaire, que des forfaits de plongées illimitées depuis le bord (shore dive). Dans ce cas, les blocs (12L aluminium) sont à disposition en libre service et permettent, associé à la location d’un véhicule type pickup à plateau, d’organiser ses plongées en toute liberté le long de la côte.
Ainsi, sous l’impulsion de quelques passionnés, la protection du reef s’est mise très tôt en place. Depuis 30 ans, toute pêche industrielle est bannie des eaux peu profondes autour de l’ile, ce qui a grandement contribué à la préservation de l’ensemble du récif, pour notre plus grand bonheur. Sont également interdits la pêche sous marine, ainsi que le port de gants ou les couteaux (« On ne prend que des photos, on ne laisse que nos bulles ! »). Enfin en 1979, le Bonaire National Marine Park a été créé : il entretient les balises, subventionne des programmes de recherche… Il vous en coutera 25 dollars annuel pour pouvoir plonger, et financer la fondation, mais que cet argent est bien placé !
Concrètement, au départ de Kralendjik, la ville principale où se concentrent les hôtels, le plongeur nomade peut choisir d’aller au nord, plus sauvage et avec plus de relief, offrant une vingtaine de sites balisés, dont les eaux tranquilles permettent des rencontres très intéressantes avec la microfaune, en particulier les hippocampes et les tétrodons nains, ou des plateaux propices au nourrissage des espèces juvéniles, les tortues notamment. Ou vers le sud, en suivant la cote qui longe les salines, et offre également une vingtaine de site répertoriés et balisés, souvent très calmes, dont la moitié d’entre eux présente le système du double récif. Il est ici possible de croiser des pélagiques, dauphins, tarpons, carangues, et grandes tortues vertes (avec présence de zones de ponte protégées WWF le long des plages). Et tout au sud, quelques spots sensationnels car peu plongés à cause des courants potentiels.
Voici par exemple le relevé de notre dernière plongée sur RED SLAVE (50’ à 25m) : « Le tombant est toujours aussi grandiose, avec ses forêts de spongiaires, laminaires, coraux mous… Une belle raie aigle fouille le sable à 8m, juste à coté d’une grosse langouste. Dans les coraux plumes, une belle murène verte à la station de nettoyage nous observe, un banc de perroquets juvéniles violets et jaunes défile sans interruption, semblant n’avoir ni début ni fin… De temps en temps l’éclair bleuté d’une carangue affamée vient troubler toute cette vie apparemment bien réglée… Du bonheur ! ».
Ou encore celui d’une visite sur l’épave du HILMA HOOCKER, petit cargo coulé par 30m de fond : « Mise à l'eau au lever du jour. Tout de suite dans 5m d'eau une raie aigle fouillant le sable, puis au fond au pied de l'épave une belle langouste trottine sur le sable, puis 7 beaux tarpons somnolant dans les cales... Sur l'épave un banc de sardines et d'anchois s’agite. Retour au reef pour saluer une tortue juvénile, et trois grosses daurades royales ! À faire impérativement tôt le matin... ».
Et partout, faune et flore exubérante. En dépit des récits locaux, plus ou moins embellis, vos chances d’apercevoir ici un requin sont faibles, mais quelle profusion de coraux durs et mous, cornes de cerf, cerveaux de Neptune, coraux choux, plumes, fouets et, plus profond, champs de corail noir… La bataille pour la possession du territoire est ici permanente avec les éponges sous toutes leurs formes, vases finement ciselés, tubulaires de toutes tailles, cordes, ou incrustées, et de toutes les couleurs, bleu-gris, azur ou rose translucide, mauve, violet, rouge, jaune...
Sans être exhaustif, et pour ne mentionner que les espèces les plus fréquentes, du plus gros au plus petit, citons les grands dauphins tachetés de l’Atlantique, les tarpons argentés omniprésents, les raies aigle et pastenagues, toutes sortes de carangues, noires, bleues, à gros yeux, ou Palometas avec leurs deux nageoires comme des antennes sur le dos et sous le ventre, les thons, barracudas, les murènes vertes, dorées ou tachetées, les grands perroquets noirs et bleus nuit, les mérous. Plus près du sol, à l’abri du récif et de la flore, les bancs de perroquets, chirurgiens, poissons anges, papillons, fusiliers, vivaneaux, écureuils, coffres, balistes etc., etc.. Sans oublier les tortues, vertes ou imbriquées, et bien sur dame langouste et, car il en reste, la belle cigale de mer !
Laissez nous évoquer un autre relevé de notre carnet de plongée, sur le house reef devant l’hôtel (60’ à 10m) : « Une incroyable chasse sous le ponton, à la tombée de la nuit, dans un mini sardine-run époustouflant : un gros banc d'anchois dans 3m d'eau, explosant sous les assauts de carangues bleues et gros yeux, de beaux vivaneaux argentés, d’inquiétants Snookers (hybride local de grosse perche et de petit esturgeon), le tout sous le contrôle bienveillant de trois magnifiques tarpons de près de deux mètres ! Incroyable, époustouflant ! ».
En résumé, la plongée à Bonaire, c’est cool et « où je veux, quand je veux » ! La douceur du climat, les conditions de vie et de pratique de la plongée, très sécurisées, en font une destination idéale pour s’y rendre et y plonger en famille, ou mixer un programme de perfectionnement et de plongée loisir.
Mais il serait malhonnête et réducteur de ne parler de Bonaire qu’au travers de son récif, aussi beau soit-il.
Serge Barth
Bleu Autrement
Découvrir Bonaire
Bonaire est l’une des meilleures destinations Caraïbes pour un voyage plongée, et c’est la capitale mondiale du « shore diving ». Authentique, calme et dotée de belles plages, Bonaire est faite pour les plongeurs épicuriens… les eaux qui entourent l’île sont protégées depuis 1979 par un parc marin. ... (lire la suite)